La grammaire dyadique
3. Résolutions exceptionnelles et différées
.I.
Comme c'est le cas pour toute grammaire, certaines règles du contrepoint ont leurs exceptions. Ainsi, la résolution d’une consonance imparfaite peut, par exemple, être évitée ou différée. Plusieurs consonances imparfaites peuvent donc se suivre les unes les autres (et deviennent alors «désirans appendans»), mais la dernière doit se porter vers la consonance parfaite qu’elle demande. Certains auteurs insistent encore sur la nécessité de faire se suivre les tierces ou les sixtes par mouvement conjoint ; d’autres n’en demandent pas tant ou permettent explicitement un saut de tierce.
Ex. 3.1 - Résolutions différées
(a)
(D'après Muris [v.1340], 61.)
(b)
(D'après Muris [XIVe s.], 69.)
(c)
(D'après Anonyme [XVe s.] a, 53.)
.II.
La tierce et la sixte peuvent encore aller vers des consonances parfaites différentes de celles qu’elles requièrent naturellement, à la condition d’être majeures si la partie supérieure monte d’un degré ou mineures si elle descend d’un degré (Muris [XIVe s.], 72-73). Comme toujours, elles doivent être ajustées au besoin par musica ficta.
Ex. 3.2 - Résolutions exceptionnelles
.III.
Vu les règles d’enchaînement précitées, les deux parties procèdent le plus souvent par mouvement conjoint ou par intervalles mélodiques «consonants» dépassant rarement la quinte. Toutefois, les mouvements «dissonants» de seconde augmentée, de triton, de quarte diminuée, de septième et de demi-ton chromatique sont tout à fait permis.
Ex. 3.3- Mouvements mélodiques dissonants et chromatiques
(a)
(D'après Beldemandis 1412, 84 ; revoir aussi l'ex. 3.1(c).)
(b)
(D'après Beldemandis 1413, 106.)