Contrepoint versus déchant
8. Consonances ornementales
Les diminutions de l'écriture fleurie se composent de dissonances et de consonances «ornementales», c'est-à-dire de consonances non structurelles insérées entre les deux «accords» d'un enchaînement légitime comme, par exemple, une cadentia (puisqu'elles ornent les consonances structurelles, les «fleurs musicales» camouflent aussi parfois le chromatisme et les contours mélodiques dissonants de l'ossature note contre note). L'extrait déjà cité de la chanson Helas ma dame de Guillaume Dufay devrait dissiper toute obscurité à cet égard.
Ex. 8.1 - Analyse contrapuntique
Il importe, dans un premier temps, de reconnaître et d'identifier chacune des rencontres de notes de ce «déchant». Comme précédemment, les voix sont montrées en notes noires (tenor), blanches (discantus) et rouges (contratenor) ; s'ajoutent ici les croix, encerclées ou non, qui montrent respectivement les consonances ornementales et les dissonances.
Les consonances ornementales sont, la plupart du temps, assez faciles à identifier. Prenons le duo discantus-tenor pour exemple :
* la tierce mineure mi-sol (A), du fait qu'elle ne se résolve pas sur l'unisson fa-fa ou qu'elle ne serve pas d'amorce pour une suite de consonances imparfaites, ne peut en aucun cas être structurelle et résulte simplement du mouvement de surface.
* les quintes sol-ré (B) et do-sol (C), elles, n'offrent pas les résolutions normales ou exceptionnelles que demandent les consonances imparfaites qui les précèdent, et ne peuvent non plus être structurelles ; elles ornementent plutôt une succession de consonances imparfaites ou, en d'autres mots, une suite de cadentiae évitées.
Comme les dissonances, les consonances ornementales ne se trouvent pas dans le contrepoint ; elles sont des ornements de surface, des «fleurs musicales» non soumises aux lois de cet art. Le niveau de réduction suivant, épuré de ces ornements, dévoile clairement la fondation sous-jacente qui, elle, respecte en tous points les principes du contrepoint.