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Notation mensuraliste de l'Ars nova

 

2. Imperfection

 

.I.

Toute note parfaite (= la maxime en mode majeur parfait, la longue en mode mineur parfait, la brève en temps parfait et la semi-brève en prolation parfaite) peut être rendue imparfaite : c'est le principe de l'imperfection, qui enlève à une note ternaire le tiers de sa valeur. L'imperfection d'une note se fait le plus souvent par la note plus courte immédiatement voisine dans la hierarchie (ou un groupe de notes équivalent). Par exemple, en temps parfait et prolation imparfaite, une brève suivie d'une seule semi-brève (ou de deux minimesest rendue imparfaite par cette dernière (ex. 2.1a-b). En d'autres mots, cette brève théoriquement parfaite perd le tiers de sa valeur (= une semi-brève) et ce groupe de deux notes (brève imparfaite + semi-brève) se chante dans le même temps qu'une brève parfaite. Bien entendu, ici et dans la suite, ce qui est vrai de la brève en temps parfait l'est aussi de la longue en mode mineur parfait et de la semi-brève en prolation parfaite (ex. 2.1c). Enfin, un silence ne peut jamais être rendu imparfait, mais il peut rendre une note imparfaite (ex. 2.1d).

 

Ex. 2.1 - Imperfection par la note suivante

Dans les exemples 2.1a-b et d, la semi-brève (ou sa subdivision, ou son silence) isolée entre deux brèves n'est pas suffisante pour faire une «perfection», c'est-à-dire pour remplir à elle seule une mesure à 3/4 moderne ; elle doit donc être retranchée de la brève précédente. Dans l'exemple 2.1c, la minime isolée n'est pas non plus suffisante pour remplir un temps entier et doit donc aussi être retranchée de la semi-brève qui la précède.

 

Ce type d'imperfection «par la note suivante» (a parte post) a aussi lieu lorsqu'une brève parfaite est suivie de quatre (ou tout autre multiple de trois + 1) semi-brèves.

 

.II.

L'imperfection peut aussi se faire «par la note précédente» (a parte ante).

 

Ex. 2.2 - Imperfection par la note précédente

Lorsque les deux types d'imperfection (a parte post et a parte ante) sont possibles, comme dans l'ex. 2.1a-d, c'est celui a parte post qui a préséance (à moins qu'il ne cause une faute dans l'harmonie). Dans les manuscrits musicaux, l'imperfection a parte ante est souvent clairement indiquée par l'emploi du point de division (punctus divisionis) dont nous reparlerons plus tard.

 

.III.

En vertu du principe «semblable devant une semblable» (similis ante similem), une note parfaite suivie d'une semblable n'est jamais rendue imparfaite. Cette règle est tellement inviolable que si une seule note plus courte précède les deux notes jumelles, l'imperfection a parte ante se transporte exceptionnellement sur la seconde. Ainsi, en temps parfait et prolation imparfaite, la première de deux brèves voisines est toujours parfaite ; s'il advient qu'une semi-brève les précède, celle-ci rend imparfaite la seconde brève et jamais la première (ex. 2.3a). 

 

De la même manière, une brève parfaite n'est jamais rendue imparfaite par la première de trois (ou tout autre multiple de trois) semi-brèves suivantes, ces dernières formant elles-mêmes l'équivalent d'une brève parfaite (ex. 2.3b). L'exemple 2.3c transpose ce cas au niveau de la prolation.

 

Ex. 2.3 - Exceptions

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